La transmission des savoirs n’est pas encore au programme

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La transmission des savoirs n’est pas encore au programme

2 février 2022

Éviter la perte de compétences, palier à la pénurie de talents et favoriser l’échange intergénérationnel ; la transmission des savoirs dans l’entreprise est un investissement très rentable… mais trop souvent négligé.

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Lancé en 2013, supprimé en 2017, le Contrat de génération, dispositif visant au maintien en emploi des seniors, à l’insertion durable de jeunes dans l’emploi et à la transmission de compétences dans l’entreprise, n’a pas été un franc succès. En revanche, il faut lui reconnaître une vertu, selon Marc Raynaud, associé du cabinet InterGénérationnel, spécialisé en management : "ce dispositif a incité un grand nombre d’entreprises à faire un diagnostic interne et à réfléchir à la transmission des savoirs". L’échange de compétences entre générations est loin d’être une évidence. "Les entreprises, focalisées sur le court terme, ont en général très peu anticipé ce type de démarche", constate Nadia Leviaux. La conseillère retraite grands comptes au sein de la mutuelle Humanis, qui sera à la retraite d’ici l’été 2018, regrette que rien n’ait été prévu dans ce domaine au sein de sa propre société : "Des savoirs disparaissent ainsi sur l’histoire du groupe et des clients mais aussi sur des pratiques commerciales et relationnelles". Patrick d’Arcangues, coach et formateur en entreprise, tempère : "les sociétés appréhendent la nécessité d’accompagner le renouvellement des générations mais pas de façon systématique. Cela se fait poste par poste en fonction de l’enjeu pour l’entreprise, sans compter qu’avec la numérisation de l’économie, certains postes disparaissent, leurs savoirs deviennent obsolètes".

Quelques règles à suivre

Tutorat, mentorat, plateforme d’échanges… quelle que soit la méthode adoptée, quelques règles se sont vite imposées. "Le volontariat est évidemment de rigueur", lance d’emblée Pascal Dardenne, directeur du développement du cabinet Experconnect, spécialisé dans "la collaboration post-retraite", "mais l’entreprise doit aussi être prête à offrir le temps disponible nécessaire pour ce genre de transmission". Pour optimiser la démarche, quatre étapes s’imposent d’après Marc Raynaud : "cartographier les compétences et savoirs de l’entreprise, identifier les savoirs indispensables de demain, sélectionner les séniors ayant les connaissances les plus "critiques" pour l’entreprise et trouver les jeunes en demande". Bien qu’encore minoritaires, des initiatives émergent. Parmi les précurseurs :  Airbus, confronté voilà une dizaine d’années à des départs massifs à la retraite. A l’époque, le groupe aéronautique décide de perfectionner et systématiser son programme de « knowledge management » (gestion des compétences) en créant deux programmes : "Transfert Expérience" (Tex) pour la formation des nouveaux arrivants et "ExTra" destiné à accompagner les managers proches de la retraite dans la transmission de leurs connaissances à leur successeur et à leurs équipes. Plus récemment en 2016, un grand industriel du secteur de l’énergie a mis en place une plateforme d’experts séniors à laquelle ont accès les jeunes ingénieurs du groupe. Ils peuvent y obtenir conseils, documentations voire accompagnements sur certains dossiers très techniques notamment ceux mobilisant des connaissances anciennes du fait du temps long inhérent à la plupart des grands chantiers industriels.

Une opportunité à saisir par les entreprises

Ce type de réseau d’échange intergénérationnel a du succès : un groupement européen aux expertises techniques également très pointues, et dont près de la moitié des effectifs doit partir à la retraite dans les quatre prochaines années, prépare ainsi sa propre plateforme. SNCF Réseau dispose également depuis quatre ans d’un pool d’experts. Des anciens cheminots à la retraite, spécialistes des caténaires, des voies ou encore de la signalisation ferroviaire sont ainsi engagés dans des missions de supervision ou de monitorat auprès de jeunes collaborateurs pour les "monter en compétences". "Les personnes sur le départ ou déjà retraitées sont heureuses de transmettre, elles sont aussi plus disponibles et moins contraintes par la hiérarchie", estime Pascal Dardenne qui y voit une opportunité à saisir par les entreprises. Mais ces dernières restent encore timides. "C’est perçu comme un coût", constate Nadia Leviaux qui estime que paradoxalement, "ce sont souvent au sein des PME que des mesures sont prises en ce sens car la perte du savoir-faire d’une personne peut être extrêmement dommageable pour l’entreprise. Dans les grandes structures, on estime que le nombre compensera les départs. A tort !". Pourtant, tous ceux qui l’ont expérimenté sont unanimes, une politique de transmission des savoirs organisée et pérenne génère un véritable retour sur investissement. En l’occurrence l’investissement, c’est le temps mis à disposition des personnes concernées et l’argent nécessaire à la formation pour transmettre dans les meilleures conditions.