Pauline Chevalier

Portrait

Pauline Chevalier

Etudiante en master Administration des entreprises option QSE et en alternance chez Schneider Electric

19 novembre 2021

A l’occasion de la Semaine européenne de l’emploi des personnes handicapées, l’Observatoire de la compétence métier met en avant des personnalités, qui chacune à leur manière, oeuvrent activement à faire bouger les lignes sur le front de l’emploi des personnes handicapées. Et leur combat est quotidien car malgré la loi handicap de 2005 imposant l’obligation d’employer 6% de travailleurs handicapés, on est toujours très loin du compte. Le taux d’emploi des PH n’est encore que de 3,5 % selon la Dares (étude novembre 2021). Autant dire que Lucie Caubel, Charlotte Tourmente, Pauline Chevalier, Anne-Sophie Tuszynski, Dominique Farrugia, Yan-Eric Delpech de Frayssinet… ont encore du pain sur la planche. Portraits inspirants et engagés.

Pour réaliser cette interview, il faut bien avouer qu’on s’est interrogé sur la marche à suivre. En effet, Pauline Chevalier est malentendante. Et puis voilà qu’elle nous a calé un rendez-vous en visio et l’interview débute comme si de rien n’était. De quoi battre en brèche un stéréotype sur le handicap. D’emblée elle se réjouit que Teams propose enfin les sous-titres des conversations en français et en automatique. Un outil (parmi d’autres) qui lui facilite la vie même si elle lit parfaitement sur les lèvres. Le parcours de cette femme est en fait tout simplement épatant. Après un BTS, elle entame une carrière dans la banque qui la mènera au poste de directrice d’agence. Et là, ça se grippe. "Je manageais trois personnes dont deux qui ne faisaient aucun effort pour faciliter notre communication. Les outils étaient absents, les résultats de l’agence n’étaient plus au rendez-vous. Ma fierté d’avoir accédé à ce poste a rapidement été mise à mal. J’ai donc démissionné", se souvient-elle. Démissionner pour enchainer avec un poste dans une banque. Cette fois son poste de travail est adapté, mais sa précédente expérience a laissé des traces. "Je ne pouvais plus voir le milieu bancaire en peinture. J’ai fait un burn out. Rapide mais un craquage quand même", précise-t-elle. Combattante – un hasard au vu de son nom de famille ?- la maman de deux petites filles ne s’en laisse pas compter. Et se lance dans un master en QSE en alternance chez Schneider Electric. Pas évident de tout mener de front : les cours en amphi, le travail perso, le boulot, la vie de famille… "Au bout de presque trois ans d’études, je ressens beaucoup de fatigue mais je ne lâcherai rien. Je suis bien entourée à la maison et au boulot. J’ai la chance d’être dans une entreprise inclusive. Mais vraiment inclusive et très ouverte aux différences en général. Avant même mon arrivée dans l’entreprise, j’étais déjà en contact avec le pôle santé-handicap de la société. Les premiers jours, le comité de direction a été sensibilisé à mon handicap. Au départ, je n’étais pas très à l’aise car je n’ai pas l’habitude d’être le centre de l’attention d’un codir", se souvient-elle.

A l’aise, impliquée et intégrée à la fac mais aussi au boulot, Pauline Chevalier n’hésite pas (plus) à prendre la parole pour expliquer et démystifier son handicap. Son compte Instragram (@my_life_my_ears) à la base lancé pour trouver du soutien quand elle était en galère comme directrice d’agence bancaire, a aujourd’hui une vocation plus large. "Mon parcours donne de l’espoir. On m’interroge sur mes adaptations de poste, mon quotidien… Je partage mon expérience et des conseils", explique-t-elle. Elle y glane également des témoignages sur la pause d’un implant cochléaire. Car il y a un mois et demi, Pauline Chevalier a appris la baisse drastique de son audition avec l’oreille. "Je serai opérée en janvier 2022. C’est une nouvelle épreuve mais après ce ne sera que du bonheur et de toute évidence le début d’une nouvelle carrière", s’enthousiasme-t-elle.